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Comment la mode cultive son passé - Les Échos

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Publié le 11 sept. 2020 à 6:00Mis à jour le 11 sept. 2020 à 6:01

Il a fallu montrer patte blanche pour obtenir une interview bien que l'on se connaisse depuis des années. Sur la porte du dressing privé d'Anouschka rassemblant pléthore de vêtements et d'accessoires de marques du XXe siècle à nos jours, il est rappelé qu'elle reçoit « uniquement sur rendez-vous ». Et inutile d'espérer y croiser un styliste renommé afin d'étoffer notre article sur les sources d'inspiration vintage de la mode en dehors des échoppes de seconde main : la propriétaire de ces fabuleuses archives sur plusieurs étages, tout au fond d'une avenue privée du IXe arrondissement à Paris, précise qu'elle prévoit toujours 30 minutes de battement entre ses rendez-vous, afin que pas deux professionnels ne se rencontrent dans ce lieu connu de tous.

Mannequin pour les photographes Helmut Newton et Robert Mapplethorpe dans une vie antérieure, Anouschka est archiviste de mode, une spécialisation qui n'existait pas en dehors des musées lorsqu'elle a commencé à collectionner des modèles à la fin des années 1970. « À l'époque, les couturiers n'étaient pas les stars d'aujourd'hui, se souvient-elle. Au sein des maisons, personne ne songeait à conserver une trace de ce qui était imaginé, confectionné et présenté dans la foulée à des clientes. À l'exception d'un Pierre Bergé qui archivait déjà les créations d'Yves Saint Laurent de façon rigoureuse, par silhouette entière, et grâce à qui, de façon indirecte, j'ai eu un premier déclic pour ce métier quand mon ami Joël Le Bon [en charge de la musique des défilés YSL à l'époque, NDLR] m'a fait visiter leurs archives. Pour une jeune fille pas encore majeure qui adorait déjà la mode, c'était absolument merveilleux. Mon père m'avait parfois emmené à la boutique Yves Saint Laurent Rive Gauche. À l'issue de cette visite, il va sans dire que j'ai pris encore plus grand soin de ses cadeaux. Et que je ne les ai jamais jetés. »

Que des vieilleries !

Quelques saisons plus tard, la jeune femme commence à préserver « des pièces importantes au niveau du style, de la coupe, de la matière » de nouveaux talents pour lesquels elle défile. La presse n'appelle pas ces derniers « couturiers » ou « stylistes », mais « créateurs » car leur prêt-à-porter est du jamais vu. Anouschka qui aime s'habiller, surtout le soir pour sortir au Palace où le tout-Paris commente chacune de ses apparitions, inaugure un premier espace de location en étages, sur le même palier que le tailleur Francesco Smalto, rue Marbeuf. « J'étais à deux pas de l'avenue Montaigne, de ses grandes maisons et de leurs stylistes couture que je fréquentais surtout la nuit, poursuit-elle. L'un d'eux a fini par me demander, non sans mépris : 'Ma pauvre Anouschka, pourquoi conserves-tu toutes ces vieilleries ?' On l'a oublié, mais la notion de patrimoine est relativement récente pour la mode. Dans la plupart des maisons, ce qui a été péniblement amassé jusqu'aux années 2000 relevait d'une initiative individuelle. »

Lors de l'avant-première sur la rétrospective qui lui est actuellement consacrée au palais de la Porte Dorée, le chausseur Christian Louboutin évoquait une de ses collaboratrices de la première heure, Nazak, qui lui avait lancé : « Vous ne gardez rien et, un jour, vous le regretterez ! » Et lui de se souvenir du contexte : « Lorsqu'on se lance, toute paire compte sur le plan financier. Je ne voyais pas le problème. J'étais content, et même un peu flatté, à chaque vente d'un échantillon. »

Des plissés sur le trottoir

Au fil de ces eighties où des talents français - Jean Paul Gaultier, Thierry Mugler, Claude Montana… - donnent le la des tendances à Paris, de vénérables maisons commencent, par ailleurs, à être cédées. Leurs archives sont parfois écartées de la transaction. Parfois même, tout ce passé se révèle embarrassant, dès qu'on cherche à relancer la marque, investir de nouveaux locaux ou revoir les coûts de fonctionnement. En 1984, Bernard Tapie rachète la société de Germaine Krebs, alias Madame Grès, qui rend son tablier à l'aube de ses 80 ans. Les mémoires de l'époque racontent que la plupart des prototypes de cette virtuose des drapés ont rapidement fini sur le trottoir. Le patrimoine de Lanvin - la plus ancienne maison de couture encore en activité - a miraculeusement réchappé à plusieurs dispersions aux enchères, envisagées par des repreneurs successifs tant ce fonds est colossal.

La Petite Boutique Alaïa, supervisée par Anouschka. L'ancien mannequin est archiviste de mode et a commencé sa collection à la fin des années 1970.

La Petite Boutique Alaïa, supervisée par Anouschka. L'ancien mannequin est archiviste de mode et a commencé sa collection à la fin des années 1970.©Cécile BORTOLETTI

« C'est impossible de le connaître dans le détail, il y a matière à creuser une vie entière, confirme aujourd'hui Bruno Sialelli, le directeur artistique de la griffe. En fait, il faut savoir quelle référence du passé on souhaite consulter, sinon on risque de s'égarer tant il y a de books différents. À l'issue du confinement par exemple, j'étais curieux de voir ce qui avait été réalisé après-guerre, comment les étoffes avaient été embellies lorsque les matériaux traditionnels faisaient défaut. Ou alors - je tiens à préciser que les archives ne représentent qu'un seul ingrédient de mes collections -, je préfère partir de références personnelles, procéder par ping-pong avec le patrimoine, rebondir sur leurs trouvailles ne cadrant pas forcément avec mes recherches, et les mettre en miroir avec mes obsessions d'aujourd'hui. »

« Ressentir les fantômes »

Guillaume Henry, le nouveau directeur artistique de la griffe Patou qui n'avait pas édité de collection depuis plus de trente ans, parle aussi du piège des archives. « À chaque fois que j'arrive dans une maison, j'ai besoin de me plonger dans son passé, de comprendre ce qu'elle a été à travers des documents, des images et des modèles. Tout cela non pas pour reprendre une forme de manche ou de col de l'époque - les modes passent, il ne faudrait pas l'oublier -, mais pour comprendre la philosophie, apprendre le vocabulaire, les notes et composer une musique d'aujourd'hui, explique le Français, qui avait réveillé Carven de façon spectaculaire au début des années 2010.

Dans la foulée, d'autres griffes endormies - Poiret, Vionnet, Schiaparelli, Courrèges… -, ont recruté un créateur charmant. Sans succès. « À chaque fois qu'une maison a été relancée en s'appuyant uniquement sur ses valeurs historiques, elle s'est, à mon sens, trompée. Il faut aborder le projet comme une renaissance, avec un certain respect pour toucher une frange qui a pu être cliente par le passé, et, en même temps, l'aborder comme une naissance pour de nouveaux marchés et générations qui ne connaissent pas le nom et cherchent juste à s'habiller. »

À chaque fois qu'une maison a été relancée en s'appuyant uniquement sur ses valeurs historiques, elle s'est, à mon sens, trompée

Patou n'avait pour ainsi dire plus d'archives lorsque Guillaume Henry a été nommé. Il s'est tourné vers les musées parisiens, a visité les anciens salons de la maison rue Saint-Florentin pour « ressentir les fantômes », et est tombé sur 900 photos aux Archives de la ville de Paris que le fondateur avait déposé dans les années 1920 pour qu'on ne copie pas ses modèles. Qu'en retenir un siècle plus tard ? Juste la jolie idée de faire poser des collaboratrices plutôt que des mannequins, afin de parler à davantage de femmes.

Vêtements gisants et gants blancs

Les musées spécialisés renferment des fonds insoupçonnables. Mais rares sont les designers qui courent leurs réserves. Souvent, ces habits stockés à plat dans des tiroirs d'armoires cliniques, que l'on approche en blouse blanche et que l'on manie avec des gants blancs, effrayent quelque peu. Et leur consultation est rarement simple, bien qu'elle soit gratuite dans les établissements publics.

« Nous proposons l'accès à tous les créateurs, mais la visite est assez frustrante car ils ne peuvent rien emprunter pour étudier ou relever un patron, indique Alexandre Samson, conservateur à Galliera, le musée de la mode de la ville de Paris qui compte 250.000 pièces, photos et dessins compris. En fait, il n'est pas évident de répondre aux demandes et les recherches n'aboutissent pas forcément à grand-chose. Par exemple, nos pièces de haute couture en réserve sont souvent spectaculaires dans une optique d'être un jour exposées et, donc, peu transposables en prêt-à-porter. »

Dans les archives Yves Saint Laurent, avenue Marceau. Les pièces vintage (à gauche: haute couture 1979-1980) font l'objet des mêmes soins de conservation que les pièces de musées.

Dans les archives Yves Saint Laurent, avenue Marceau. Les pièces vintage (à gauche: haute couture 1979-1980) font l'objet des mêmes soins de conservation que les pièces de musées.©Manuel Braun pour Les Echos Week-end

Et puis, les looks préservés ne sont pas toujours les plus représentatifs d'un créateur, d'une tendance ou d'une époque. La qualité d'un fonds muséal dépend à la fois de la politique d'acquisition et des moyens de l'établissement sur le long terme, de la sensibilité et des goûts des conservateurs qui ont pu changer souvent, de leurs relations et contacts extérieurs pour dénicher des donations de sociétés, particuliers ou personnalités qui vident leurs placards, tel Etienne Daho qui vient de se délester de tous ses costumes de scène au profit de Galliera.

La flambée du vintage

« Malheureusement, le succès des sites de seconde main ne fait actuellement pas nos affaires, ajoute Alexandre Samson. Les particuliers cherchent à y vendre leurs vêtements exceptionnels en priorité. Ou alors ils se tournent vers nous avec des prétentions qui ne sont pas du tout dans nos budgets. » Anouschka note cependant que « les créateurs d'aujourd'hui ont davantage conscience de la nécessité de confier leurs pièces fortes à des musées ».

En 2019 par exemple, la Fondazione Pitti Discovery a sollicité une donation auprès des maisons et designers ayant défilé comme invités d'honneur du salon Pitti Uomo de Florence depuis 1989, afin d'enrichir le fonds du Museo della Moda e del Costume qui renferme surtout des pièces très anciennes. Un seul créateur n'a pas répondu. « Il y a un rapport nouveau à la chose patrimoniale, observe l'historien Olivier Gabet, directeur du musée des Arts Décoratifs qui détient, entre autres, une grande partie des archives d'Elsa Schiaparelli et de Madeleine Vionnet. On leur demande toujours plus de collections et de modèles. Il doit être nécessaire de se raccrocher à l'histoire de sa maison pour ne pas partir dans tous les sens. Et quand celle-ci ne vous appartient pas, cela relève aujourd'hui d'une démarche intellectuelle, d'une forme d'humilité qui sied à notre époque. »

À l'inverse, dans les années 1980 et 1990, le rachat de pléthore de griffes familiales et/ou indépendantes avait engendré la nomination de directeurs artistiques à la place des couturiers et créateurs. Souvent, ces nouvelles recrues commençaient par faire table rase du passé proche. Dans ce contexte, Pierre Bergé est parvenu à céder les activités de Yves Saint Laurent au groupe Kering (PPR à l'époque, en 1999), sans les archives, qu'il a réservées à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent. Cela revient à vendre une maison sans donner les clefs… que ses repreneurs chercheront longtemps.

L'inventaire mondial de Dior

En 1987, la rétrospective « Hommage à Christian Dior, 1947-1957 » au musée des Arts Décoratifs à Paris, incite la maison qui fête alors ses 40 ans à se constituer son propre fonds d'archives. Trente ans plus tard, lorsque l'exposition « Christian Dior, couturier du rêve » retrace ses sept décennies au sein du même établissement, la griffe de l'avenue Montaigne est le principal prêteur. Entre-temps, près de 10.000 pièces, accessoires et vêtements, ont été soigneusement amassées et des dizaines de milliers de documents ont été numérisés par son département Dior Héritage, qui occupe une douzaine de personnes à l'enrichissement perpétuel de ses archives.

En prévision de l'événement, un recensement mondial de toutes les pièces griffées Dior stockées ici ou là avait également été lancé. À date, 70 musées et collections privées ont été identifiés, rassemblant à eux seuls quelque 3.500 créations supplémentaires de la maison. Des pièces que Laziz Hamani est allé photographier une à une aux quatre coins de la Terre, immortalisées sur mannequins Stockman et fond noir, afin d'avoir un inventaire précis et complet.

Copier n'est pas jouer

D'après le Women's Wear Daily du 6 août dernier, la société Yves Saint Laurent a récemment fait main basse sur 4.000 pièces de prêt-à-porter du couturier datant de 1966 à 1985, progressivement amassées par Olivier Châtenet, un designer parisien reconverti comme archiviste depuis une dizaine d'années. Soit 4.000 « vieilleries » qui devaient valoir leur pesant d'or. Tandis que celles d'Anouschka ne sont toujours pas à vendre, juste à consulter. Voire à emprunter et à étudier.

« Je n'ai pas amassé ces originaux dans le but qu'ils soient recopiés, mais pour que l'on puisse s'imprégner de l'ADN de telle ou telle maison, comprendre la patte d'un créateur, l'esprit d'une marque… Vêtements à l'appui, je n'aime rien tant que faire découvrir que le soi-disant 'style normal' des vêtements d'Helmut Lang est aussi élaboré que des broderies de Lesage », raconte celle dont les prestations vont de la simple présentation d'une sélection d'archives selon un thème défini, à l'accompagnement sur le long terme dans l'élaboration d'une collection, en passant par des projets spécifiques comme la supervision de la nouvelle Petite Boutique de vintages de la maison Alaïa depuis la mi-juillet et, bien sûr, la location pure et simple à des professionnels, de la mode au cinéma en passant par la publicité. « Si une pièce revient avec des points qui prouvent qu'elle a été démontée, je me fâche très fort », prévient cette experte qui a cité Helmut Lang à dessein.

Quelque vingt ans après s'être retiré des podiums, le designer autrichien demeure une référence majeure dans le milieu. Et Anouschka détient une belle sélection de ses grandes années. Une collection qui comprend également de nombreux modèles du talentueux Guy Paulin, un des premiers créateurs français emportés par le sida ; de la Londonienne Jean Muir, qui traversait La Manche dans les années 1960 pour présenter une mode d'une renversante pureté à Paris ; d'Anne-Marie Beretta, dont les coupes racées n'ont pas connu le succès du manteau phare de Max Mara pour qui elle créait en parallèle ; de feu Kansai Yamamoto, auquel les journaux ont rendu un dernier hommage, fin juillet, en se limitant souvent à rappeler ses incroyables tenues de scène pour David Bowie, alors que ses propres collections étaient encore plus géniales.

Zohra Alami, fondatrice de Passage Archives.

Zohra Alami, fondatrice de Passage Archives.©Manuel Braun pour Les Echos Week-end

Rétrospectives et affluences record

Nicolas Ghesquière avait salué le style haut en couleur de ce Nippon dans le cadre de la collection croisière 2018 de Louis Vuitton. En mars dernier, le Français, qui jongle de façon très subtile avec les styles et les époques, a présenté l'automne-hiver 2020 du malletier devant une estrade occupée par quelque 200 figurants en habits, du XVe siècle aux années 1950. Un show LV mémorable, baptisé « Time Clash » prouvant s'il le fallait encore que le patrimoine a désormais une importance grandissante. « Le passé est assez magique car il nous fait avancer et, en même temps, personne n'est là pour nous le raconter précisément, confie Nicolas Ghesquière. On se doit de ne pas le déformer mais on a la liberté de le réinterpréter comme on veut. Il y a un champ des possibles, une zone d'interprétation qui est encore plus vaste dans l'histoire du costume. »

Défilé Louis Vuitton, prêt-à-porter automne-hiver 2020-21, le 3 mars dernier à Paris. Derrière le modèle, une estrade avec des figurants en habits, du xve siècle aux années 1950.

Défilé Louis Vuitton, prêt-à-porter automne-hiver 2020-21, le 3 mars dernier à Paris. Derrière le modèle, une estrade avec des figurants en habits, du xve siècle aux années 1950.©Anne-Christine POUJOULAT/AFP

Depuis quelques années, cet intérêt pour l'histoire de la mode était déjà flagrant chez le grand public, à travers le succès sans précédent de l'exposition « Christian Dior, couturier du rêve » en 2017 au musée des Arts Décoratifs à Paris - qui a été rendu possible grâce au département Dior Héritage, très actif dans la reconstitution du fonds de la maison de l'avenue Montaigne (voir encadré ci contre). Autres records d'affluence : « Savage Beauty », l'hommage à Alexander McQueen à New York puis à Londres, des rétrospectives Jean Paul Gaultier et Thierry Mugler du musée des Beaux-Arts de Montréal, qui ne cessent depuis de tourner dans le monde. « Les défilés étant si peu relayés à la télévision et les boutiques de luxe tellement intimidantes, les musées sont devenus les principaux endroits où l'on peut admirer les créations d'une profession fascinante », avançait Olivier Saillard, du temps où il dirigeait Galliera.

Cet historien désormais dans le privé (J.M.Weston, Pitti Immagine…) a amplement contribué à changer notre regard sur les fonds muséaux, en initiant des rétrospectives hors les murs, en créant des spectacles vivants à base d'archives avec les actrices Tilda Swinton ou Charlotte Rampling, dans le cadre des Festival d'Automne à Paris entre 2012 et 2016 et, depuis trois ans, en codirigeant la Fondation Azzedine Alaïa qui juxtapose le travail du couturier disparu avec les créations d'autres grands noms - Cristobal Balenciaga actuellement - qu'il achetait souvent de façon compulsive.

Turnover et quêtes d'idées

« Quand Azzedine était présent dans une salle de vente aux enchères, c'était foutu pour nous », se souvient Zohra Alami, l'autre grande archiviste de la place de Paris, dont l'espace Passage et ses 40.000 pièces de 1980 à 2010 occupent plusieurs étages d'un bâtiment industriel dans le XIe arrondissement. Là aussi, « on ne croise personne, comme chez le psy », assure cette ancienne collaboratrice du créateur Jean Colonna, passée du stylisme à l'archivage à l'automne 1994 « parce que, déjà à l'époque, je trouvais que ça n'avait pas de sens pour la profession de repartir de zéro tous les six mois alors que personne ne change ainsi de garde-robe dans la vraie vie, que j'ai toujours aimé les vêtements qui durent, se portent plusieurs années, passent d'une génération à l'autre… »

Bijoux, sacs et ceintures à l'espace Passage de Zohra Alami. Chaque pièce est référencée dans une base de données informatisée et stockée par type de produit et non par marque.

Bijoux, sacs et ceintures à l'espace Passage de Zohra Alami. Chaque pièce est référencée dans une base de données informatisée et stockée par type de produit et non par marque.©Manuel Braun pour Les Echos Week-end

Sa première clientèle fut les costumiers de cinéma et de théâtre car les griffes ne prêtaient pas autant aux stars qu'aujourd'hui. « Jusqu'à la fin des années 1990, les maisons ne gardaient pour ainsi dire rien, rappelle-t-elle. Les mannequins, les coiffeurs, les maquilleurs étaient payés en prototypes. J'ai trouvé le final d'un défilé de Montana dans des sacs poubelles. J'ai également beaucoup acheté en ventes de presse… Le secteur de la mode qui est aujourd'hui mon principal client, est venu me voir plus tard, lorsque les directeurs artistiques et leurs équipes ont commencé à tourner d'une maison à l'autre. Ils avaient besoin de se replonger dans l'histoire pour comprendre où ils venaient d'être embauchés, de trouver des idées… », poursuit cette professionnelle ultra-organisée, disposant d'une base de données informatisée où chaque pièce possède une fiche d'identité avec descriptif, images à plat sous différents angles, clichés du défilé et éventuelles parutions dans la presse.

Quant au stockage, il est organisé par typologie de produits et non par marque. « Je déteste le name dropping - « Je voudrais du Margiela, du Helmut… » -, lorsqu'on me sollicite pour des recherches. Ici, un vêtement retourne à sa définition première, un peu comme dans un dictionnaire. C'est avant tout un pantalon noir en gabardine de laine, avec un pli couché, deux poches en biais… Si une maison le loue pour l'étudier, il pourra ensuite être consulté par d'autres stylistes, mais je garantis à l'emprunteur qu'il ne ressortira pas de mes archives avant deux saisons. Et puis les photos avec smartphone sont bien évidemment interdites, sinon je devrais changer de métier. »

La mode au musée cet automne

« Sarah Moon, Passé, présent »

La carrière au grand complet de cette photographe de mode, tout d'abord mannequin avant de passer de l'autre côté de l'objectif au début des années 1960, qui a développé une image particulière, et marqué celle de griffes comme Cacharel ou Sonia Rykiel.

 À partir du 18 septembre, au musée d'Art Moderne de Paris

« Man Ray et la mode »

L'oeuvre du plus parisien des artistes américains n'est pas forcément connue sous ce jour, mais il a bel et bien réalisé des images de vêtements avec des clins d'oeil surréalistes, pour différents magazines et maisons de couture dès les années 1920.

À partir du 23 septembre au Musée du Luxembourg à Paris. 

« Gabrielle Chanel, Manifeste de mode »

Le musée de la mode de la ville de Paris consacre son exposition de réouverture (après deux ans de travaux) aux codes fondateurs de la maison parisienne, principal mécène de sa rénovation et de son agrandissement. 

À partir du 1er octobre au Palais Galliera à Paris. « Luxes »

Dans la lignée de l'exposition « Dix mille ans de luxe » qui s'est tenue au Louvre Abu Dhabi en 2019, cet accrochage parisien reprend le même thème du rare et du précieux à travers une sélection de pièces plus occidentales. 

À partir du 15 octobre au musée des Arts Décoratifs à Paris.

« About Time. Fashion and Duration »

Dialogue entre les couturiers d'hier et les créateurs d'aujourd'hui, la grande exposition mode de l'institution new-yorkaise pour 2020 soulignera les créations du Français Nicolas Ghesquière pour Louis Vuitton.

À partir du 29 octobre au Metropolitan Museum of Art à New York.




September 11, 2020 at 11:00AM
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