
Lawrence Ferlinghetti est mort un mois avant ses 102 ans, le 22 février, ayant enterré tous les grands auteurs de la Beat Generation dont il s’était fait – ou avait été fait – le héraut. Né le 24 mars 1919 et lui-même poète, il a acquis la plus grande part de sa célébrité comme éditeur et libraire : c’est lui qui a fondé en 1953 City Lights Booksellers & Publishers, vite devenu un lieu mythique de San Francisco. En 1956, il publie Howl, le poème le plus célèbre d’Allen Ginsberg, et les deux hommes sont engagés dans un procès pour obscénité qu’ils finiront par gagner et qui contribuera à asseoir aussi bien la réputation de Ginsberg et de la Beat Generation que celle de Lawrence Ferlinghetti et de City Lights. Son œuvre poétique la plus célèbre est Coney Island of the Mind, en 1958. Il fut aussi peintre. A l’occasion de son centenaire, le Seuil a traduit il y a deux ans la Vie vagabonde, sous-titrée Carnets de route 1960-2010, 600 pages d’une autobiographie morcelée et pleine de trous, qui commence avant sa naissance, évoque l’auteur à Nagasaki en août 1945 après l’explosion nucléaire tout en s’intéressant autant à des êtres de rencontre, des paysages ou des considérations diverses.
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Ferlinghetti rechignait à être lui-même considéré en tant qu’artiste comme un membre de la fameuse Generation qui l’a rendu célèbre (et qu’il a rendu célèbre). Dans sa nécrologie, le New York Times cite un entretien au Guardian de 2006 où, rappelant son arrivée à San Francisco coiffé d’un béret, il estimait être «le dernier des bohèmes plutôt que le premier des Beats». Les congrès de poètes bénéficiaient souvent de sa présence dans la seconde moitié du XXe siècle, particulièrement en Europe (son père était originaire d’Italie et lui-même enseigna le français au point de pouvoir définir la vie, en français dans le texte, «si belle et si conne») et la politique ne le laissait certes pas indifférent sans qu’on puisse le rattacher continûment à une posture précise. Dans la Vie vagabonde, il est outré par la «Coca-colonisation» de l’Amérique du Sud (où il va souvent) tout en racontant (en 1960) cette histoire drôle en forme de devinette : «Quel est le plus grand pays du monde à l’heure actuelle ? Réponse : Cuba – sa capitale est à La Havane, son gouvernement à Moscou et sa population à Miami.» Il était plutôt, au sens propre, de la génération de William Burroughs que de Jack Kerouac, et il eut sans doute plus d’admiration pour celui-là que pour celui-ci même s’il fut plus souvent l’éditeur de Kerouac et de Gregory Corso que de Burroughs.
Il n’a pas seulement survécu aux principaux écrivains dont il fut l’éditeur et le libraire mais à tout ce qu’ils représentaient. La Beat Generation fut d’une certaine façon l’intrusion de la vie brute dans la littérature et Lawrence Ferlinghetti en était devenu une sorte de figure légendaire. La Beat Generation relevait déjà de l’histoire littéraire et il était le dernier à pouvoir évoquer Allen Ginsberg, Jack Kerouac, William Burroughs, Paul Bowles, Gregory Corso et les autres comme, outre des écrivains, des êtres humains – des proches.
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