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Eurovision 2021: Qui est Barbara Pravi, la représentante de la France ? - 20 Minutes

Barbara Pravi, le 31 janvier 2021 à l'issue de sa victoire à la sélection française pour l'Eurovision. — TDS / Perusseau / Bestimage
  • Barbara Pravi a remporté samedi sur France 2 la sélection française pour l’Eurovision avec sa chanson Voilà.
  • L’artiste de 27 ans a sorti deux EP, dont le dernier, en 2020, correspond à la « chanson française » dans laquelle elle se sent bien.
  • Ces dernières années, la chanteuse avait aussi été remarquée à travers ses réécritures de Kid et de Notes pour trop tard, via un prisme féminin et féministe.

« Voilà qui je suis. Me voilà même si, mise à nue, j’ai peur, oui », chante Barbara Pravi. Une chanson à la première personne, où la Parisienne de 27 ans se décrit comme une « chanteuse à demi », une « fille aux yeux noirs » ayant le « rêve fou » d'« écrire des histoires » arrivant jusqu’aux oreilles du public. Mission accomplie avec Voilà, puisque les téléspectateurs et téléspectatrices de France 2 l’ont élue samedi pour défendre les chances tricolores à l’ Eurovision en mai prochain.

La prestation de la chanteuse privilégiait la sobriété et l’intensité. Comme, en leur temps, Edith Piaf et Jacques Brel, auxquels beaucoup s’empressent de la rapprocher. Des influences assumées et revendiquées. « Je serais bien malheureuse d’être agacée par ces comparaisons. C’est un compliment énorme, glisse-t-elle à 20 Minutes. J’appelle ça de la "vieille chanson française" parce que ces artistes sont morts, mais leurs chansons ne sont pas "vieilles" pour autant : les textes restent extrêmement actuels et les mélodies, comme toutes les grandes mélodies, sont intemporelles. »

« La trouille, grave »

Barbara Pravi a longtemps réfléchi avant de se lancer dans la sélection pour l’Eurovision. Elle qui a toujours décliné les propositions de la production de The Voice, brûlant de l’avoir comme candidate, elle avait « la trouille, grave ». « J’étais tellement consciente des enjeux, de ce que ça représente, de la médiatisation… que si jamais je me présentais pour l’Eurovision, il fallait que ce soit avec une chanson que je puisse porter, qui ait de la valeur pour moi, dont je n’aurais jamais honte », nous affirmait-elle au début du mois.

Il fut un temps, pas si lointain, où Barbara Pravi essuyait les verres, au fond d’un café. Serveuse dans un troquet parisien, elle ambitionnait une carrière dans la musique. Mais elle ne connaissait personne dans ce milieu où beaucoup de choses fonctionnent au réseau. Alors, ses premiers salaires sont passés dans un clip, qu’elle a réalisé avec ses potes, comme une carte de visite de ses compétences vocales. La vidéo a engrangé 20.000 vues en quelques jours, suffisamment pour lui permettre d’être repérée par le label Capitol. C’était il y a six ans.

Mi-janvier, dans une story Instagram, elle révélait que, le jour où elle a signé son contrat, « les premiers mots [qu’on lui] a dit ont été : "Ah mais, c’est toi Barbara ? Mais t’es pas bonne en fait." » Le patron du label, glissera-t-elle à Terrafemina, voulait faire d’elle « une petite chanteuse qui ne parlait pas trop, dont on se foutait un peu, qui n’avait pas de positions fortes. Quand j’ai compris ça, j’ai rapidement refusé parce que j’écris mes textes, j’ai des choses à raconter. J’ai été mise au placard et s’il était resté à ce poste, j’y serais restée. »

« J’ai écouté ses chansons et, en fait, je n’avais aucun coup de main à lui donner. Son projet était très cohérent, bien écrit », nous déclare Igit, l’auteur, compositeur et interprète qui avait été missionné pour aider Barbara Pravi à retravailler ses paroles. Or, qui pourrait mieux qu’elle-même trouver les mots de ses couplets et refrains majoritairement inspirés de son vécu ? Dans ses textes, « je » n’est pas une autre.

Une voix pour les droits des femmes

« J’ai fait mon premier EP [en 2018], mes premières erreurs aussi. Notamment au niveau de l’entourage », confie la chanteuse. Elle n’était pas à l’aise dans les sonorités pop lui ayant été largement imposées. Seule solution : faire le vide autour d’elle, couper les ponts avec les mauvais conseillers. Le résultat : un retour début 2020 avec un deuxième EP, Reviens pour l’hiver, davantage en phase avec son goût pour la chanson française qui représente « 80 % » de ce qu’elle écoute.

Un an plus tôt, elle mêlait Le Malamour, chanson refusée par sa précédente équipe, à une réécriture de Notes pour trop tard d’Orelsan à travers un prisme féminin : « Laisse personne croire que c’est de ta faute, que tu as mérité la violence. (…) Tu es trop forte, tu es trop belle, tu es trop importante. » En quelques jours, la vidéo dépasse les deux millions de vues – elle frise les quatre millions actuellement.

Dans la période post-#metoo, la parole se libère. Elle, libère ses paroles. Ce Malamour, « souvenir des coups qu’on prend pour des caresses », évoque les violences conjugales, un drame qu’elle a vécu personnellement. Dans Chair, sorti l’année dernière, elle relate l’interruption volontaire de grossesse à laquelle elle a recouru à 17 ans. « On t’explique la vie, autour ça s’agite. Et puis y a cette phrase qu’on te jette à la gueule : "Mais vous n’êtes qu’une pute, c’est ce qui arrive, bah ouais. Vous êtes pas protégée et vous serez peut-être stérile, fallait y penser". » Un texte glaçant qu’elle livre à cœur ouvert.

Qu’elle reprenne, au sein du collectif 39 Femmes, Debout les femmes, hymne du MLF, au profit de la Maison des femmes ou réécrive Kid d’Eddy de Pretto, pour lui offrir son pendant féminin, l’injonction « Tu seras viril, mon fils » devenant « Tu seras docile ma fille », elle donne de sa voix à la cause féministe.

Chansons d'enfants

Elle déplore que « féminisme » soit « presque devenu un gros mot », alors que « c’est juste l’envie [des femmes] d’être considérées sur tous les plans : professionnel, personnel, émotionnel, etc. Que les curseurs soient à égalité avec les hommes. » Actuellement, elle est « dans une espèce de recul », elle a « l’impression que, pour changer les mentalités, il faut le faire en douceur ». « Parfois mes amis disent des trucs que je trouve sexiste et ils ne s'en rendent pas compte parce que, pour eux, c'est du langage commun. Alors je les reprends, et ils l'acceptent. » Autre pierre à l’édifice : dans ses stories Instagram, elle a entrepris de raconter de temps en temps des histoires de femmes célèbres. « Je comprends très bien les femmes qui sont plus énervées et plus offensives, c’est normal, assure-t-elle. Il n’empêche que moi, en ce moment, j’essaye plutôt d’enrober. »

Plus on discute avec elle, plus on ressent que sa spontanéité et son humilité ne sont pas feintes. « On est dans une équipe où, on ne pète pas plus haut que notre cul. On est anti-prétention, on fait en sorte que nos chansons soient accessibles », confirme Igit qui, avec Barbara Pravi, écrit et compose depuis quelques années pour d’autres artistes telles que Chimène Badi ou Julie Zenatti. On doit notamment à ce duo de choc, surnommé dans leur label « les experts », J’imagine, avec laquelle Valentina a remporté l’Eurovision Junior en novembre. Ou Bim Bam Toi, le tube de TikTok et des cours de récréations chanté par Carla, une éducation sentimentale en onomatopées – « ça fait bim, bam, boum, ça fait pshht et ça fait vroum » – impossible à se sortir de la tête une fois qu’on l’a entendu.

« Il n’y a pas beaucoup de demi-mesure chez moi »

« On me demande souvent comment c’est possible d’écrire quelque chose de joyeux pour les enfants et d’aussi lourd pour moi, note Barbara Pravi qui a senti venir la question sur le grand écart musical. On n’est pas une seule chose, on est une palette d’émotions. Le tout est de savoir comment on arrive à se connecter à ses émotions. Moi, je vis ma vie intensément. Quand je suis quelque part, je suis absolument présente dans cet endroit. Quand je chante Voilà, tout mon corps est en train de chanter cette chanson. Quand je ris, tout mon corps se tape un fou rire. Je ris très fort. Je parle avec les mains, il n’y a pas beaucoup de demi-mesure chez moi. »

Si elle devait se définir en trois mots, ce serait : « Française », « brune » et « toute petite ». A l’autre bout du téléphone, elle se marre : « Je ne suis vraiment pas grande. Souvent, quand les gens qui m’ont vu dans un clip me rencontrent, ils s’étonnent : "Mais t’es minuscule !" En fait, je ne dépasse pas le mètre 60. » Barbara a choisi son nom de scène en référence aux origines serbes de son papy. Dans cette langue, « pravi » signifie « le vrai, l’authentique ». Un mot qui conviendrait parfaitement pour décrire la chanteuse et la femme qu’elle est. Voilà.

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